Après d’autres soirées débats, projections de films, par ex "cultivons la terre" en novembre 2009. l’association, pour évoquer la question de l’éclairage, notamment public, avait invité le 10 décembre 3 intervenants ainsi que les élus de St Didier et des communes voisines.
Tout d’abord Gérard GAULE, de la FRAPNA Loire, appuyé par Jean-Jacques ETIENNE, de l’ANPCEN (association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne) et à l’aide d’une projection, a présenté dans le détail le problème. Depuis 10 ans seulement le nombre des points lumineux a augmenté de 30% en France, c’est énorme ! Gérard GAULE a exposé dans le détail les conséquences de cet éclairage artificiel surabondant et trop agressif qui perturbe tout l’écosystème végétal et animal :
les plantes, même les arbres, en souffrent beaucoup, et peuvent en mourir prématurément, tous les végétaux ont besoin de la nuit noire pour leur "repos".
les insectes, papillons, batraciens, meurent en quantité, certaines espèces disparaissent entièrement de ce fait, et par conséquence oiseaux et chauve souris qui se nourrissent d’insectes, en souffrent de plus en plus,
les migrations des oiseaux en sont fortement perturbées,
les routes éclairées coupent les corridors écologiques.
Et pourquoi parmi de nombreux exemples laisser un clocher éclairé au delà de 23h ou 0h ? Les oiseaux notamment en souffrent aussi... La situation devient donc préoccupante pour l’environnement et dans l’indifférence presque générale.
Les photos projetées ont bien montré par ailleurs l’augmentation énorme du halo lumineux sur les villes et villages en 30 ou 40 ans ! Par ex chez nous (St Didier, St Etienne), et même dans le Pilat, il est très difficile de pouvoir observer le vrai ciel étoilé : il faut aller bien loin pour cela, l’observation astronomique et le simple plaisir d’admirer le ciel étoilé deviennent impossible : sans s’en rendre compte on ne voit plus qu’une faible proportion des étoiles ! Tout ceci s’explique non seulement par beaucoup trop de points lumineux souvent trop puissants, mais aussi par une grande proportion mal conçus renvoyant la lumière vers le ciel. Un exposé technique très intéressant sur les systèmes d’éclairage public l’a bien montré, et les 3 élus présents ont pu longuement échanger à ce sujet.
Ensuite Jérôme PEYER, délégué à l’environnement à la mairie de Boisset St Priest dans la Loire, a fait part de son expérience d’élu : il a d’abord confirmé que dans nos communes le maintien toute la nuit d’un grand nombre de lampes est inutile, et même que certains lampadaires eux même sont inutiles et peuvent être supprimés. Il est facile de définir par secteurs les zones que l’on peut éteindre une partie de la nuit. Par ex à Boisset St Priest, et depuis 2009, la grande majorité des lampes sont éteintes de 23h30 à 5h30, mais techniquement il est très facile de choisir les zones et les horaires des lampes à éteindre.
Même sur le plan de la sécurité, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça ne change rien et même c’est parfois mieux :
la délinquance n’a pas augmenté et a même diminué à Boisset...
pour les automobilistes les panneaux et éléments réfléchissants sont beaucoup plus visibles par les phares lorsque les lampadaires sont éteints !
Moins éclairer c’est aussi contribuer à diminuer les besoins en électricité : il faudrait commencer par là au lieu de toujours augmenter la production...
De plus les économies à faire sont très importantes et pourraient atteindre plus de 60% : pour les contribuables ce serait aussi une bonne nouvelle, et aller dans ce sens préserverait donc à la fois la nature et notre porte monnaie ! Pour cela une action serait cependant nécessaire auprès du syndicat d’électrification de la Hte Loire, dont les pratiques, contrairement à celui de la Loire, ne vont pas dans ce sens...
Certes on s’est habitués à un éclairage abondant et permanent partout, mais il donne une fausse impression de confort et de sécurité, il faudrait donc aller vers un changement de nos habitudes. Les habitants des communes qui l’ont fait en sont satisfaits, et de plus en plus de communes sont en train d’aller dans cette direction : Planfoy, Pélussin, etc etc...
Un débat long et constructif s’est engagé entre le public, notamment les élus, et les 3 intervenants, et il a permis sans doute une première prise de conscience du problème et des solutions présentées, qui seraient bien sûr à étudier au cas par cas, chaque commune et chaque zone éclairée ayant ses particularités.
A l’issue de cette soirée, très riche, un dépliant sur ce thème a été distribué, quelques exemplaires ont été laissés en mairie, et les panneaux d’exposition de la FRAPNA sont restés dans le hall de la mairie de St Didier jusqu’à fin décembre : le texte de ces panneaux est consultable sur le site internet de la FRAPNA : http://www.frapna.org/images/isere/Exposition/expopollutionlumineuse.pdf Voir aussi le guide à ce sujet : http://www.frapna-38.org/images/isere/livret%20pollution%20lumineuse.pdf.
Un seul petit regret : que la population ne se soit pas davantage déplacée pour cet exposé passionnant et qui nous concerne tous. Notre association souhaite que le débat se poursuive maintenant dans les conseils municipaux et avec la population...